Michèle & le Singe

Michèle & Le Singe

Un jour, Michèle entrepris de faire collection de représentations de singes en peluche. Je mis un certain temps à comprendre le sens détourné de cet intérêt soudain, ce qui ne m'empêcha pas de participer à l'enrichissement de la collection. Chaque fois que je découvrais un nouveau spécimen de ces sympathiques animaux, ce qui était quand même assez rare, je l'offrais à ma fidèle collaboratrice. Au fil du temps, la collection s'agrandissait par l'incorporation de jouets de différentes tailles, la vedette étant incontestablement un énorme chimpanzé, représenté pratiquement à la taille réelle d'un animal adulte. La chose hérita, naturellement, du diminutif de mon prénom, ce qui confirmait, si besoin était, l'assimilation qui était faite entre le nom de " singe " et l'appellation argotique réservée aux patrons.

Malgré la violence de sa sensualité, ou peut-être à cause de celle-ci, Michèle était très pudique dans l'expression verbale de sa sexualité. Curieux de connaître tous les aspects de celle-ci et, particulièrement, les aspects les plus secrets concernant ses exercices solitaires, je l'interrogeais souvent, sans obtenir beaucoup de résultats.
Tout au plus, de temps en temps, me confiait-elle quelques détails croustillants, qu'elle évoquait généralement à demi-mots. Par exemple, elle m'avoua un jour qu'elle était parvenue à un orgasme, uniquement sous l'effet de sa pensée, aidée par les vibrations de son petit véhicule à prétention sportive.
Quand je l'interrogeais sur ses séances de masturbation, elle niait farouchement pratiquer l'onanisme, ce qui ne m'avait jamais totalement convaincu. Il est vrai, qu'au cours de la période où nos relations étaient régulières, je n'avais pas, moi-même, la tentation de céder à la masturbation, mais ses capacités sexuelles n'avaient aucune commune mesure avec mes propres moyens, relativement modestes, comme ceux de la plupart des hommes.

Cette situation, où le non-dit dominait largement les pratiques physiques, perdura jusqu'au jour où j'eus l'occasion de passer une journée chez elle, entièrement consacrée à faire l'amour.
En fin d'après-midi, après que nous ayons pratiqué toutes les positions de notre Kamasutra intime, nous étions tous les deux complètement détendus et ouverts à de nouvelles découvertes. C'était dans ces moments-là qu'il m'arrivait souvent de partir à la recherche d'objets divers, pour corser un peu nos rapports sexuels que notre seule libido ne pouvait plus soutenir suffisamment. C'est ainsi que quelques manches de brosses, manches d'instruments de cuisine ou objets encore plus insolites, comme divers légumes, se prêtèrent avec bonne volonté à des pénétrations auxquelles ils n'étaient pas destinés initialement. Ces tentatives, de créer des variations excitantes, n'étaient pas toujours couronnées de succès et c'étaient parfois les moins " exotiques " qui avaient le plus de charmes. Ainsi, je me souviens d'une brosse à cheveux d'apparence très banale, mais dont les proportions étaient parfaitement adaptées à l'usage détourné que l'on en faisait. Son manche de Plexiglas, aux angles arrondis, s'emboîtait à merveille dans le sexe de ma partenaire, pendant que mon membre s'activait dans son petit voisin. Le piquant de la chose étant, au sens littéral du mot, que les poils raides de l'instrument, râpaient efficacement mes testicules, quand elles allaient et venaient à leur contact. Comment justifier, quand on le raconte ainsi, à froid, l'intérêt de cette double pénétration en compagnie d'un hérisson ?

Profitant des bonnes dispositions de ma compagne, je lui posais une fois de plus la question de sa masturbation, en lui demandant de se livrer devant moi à cet exercice habituellement pratiqué en solitaire. Cette fois-ci, elle eut un petit sourire complice et déclara : " Il faut que j'aille chercher Popaul ! "
Elle revenait, quelques instants plus tard, en tenant dans ses bras l'énorme singe en peluche auquel elle m'avait fait l'honneur de m'identifier. Devenue subitement prolixe de paroles, elle m'expliqua posément que le dénommé Popaul, avait avantageusement remplacé un traversin qui, pendant des années, avait été son compagnon de solitude nocturne.
Comme je m'étonnais qu'elle eût un traversin, n'ayant toujours vu que des oreillers sur son lit, elle me raconta complaisamment qu'elle en possédait un, depuis son plus jeune âge, qui était strictement réservé à ses ébats solitaires. Cette révélation me rendit soudain rêveur, car je pouvais imaginer, sans trop de difficultés, la belle bacchante chevauchant le cylindre de tissu.
--- Diable, il devait être souvent mouillé ! Le lavais-tu fréquemment ?
--- Quand il le fallait...
Cette réponse évasive ne fit qu'accentuer mon trouble, car j'imaginais facilement qu'elle devait estimer qu'il ne le fallait pas trop souvent, pour que l'état de surface du tissu, et les effluves qui s'en dégageaient, la fassent bénéficier de leurs vertus aphrodisiaques.

Cela me rappela un souvenir qui datait de mes années d'universités. J'avais deux camarades qui partageaient le même appartement. Ils dormaient dans le même grand lit, sans qu'il n'y eût aucune ambiguïté dans leurs rapports. Ils disposaient pourtant d'une seconde chambre, mais il s'agissait d'un petit réduit sans fenêtre (une sorte de cagibi), dont aucun des deux ne voulait occuper l'étroit et incommode lit. Par contre, ce réduit était très pratique, quand l'un d'eux voulait se livrer à une masturbation, qui devait rester, par définition, solitaire. Les deux lascars étaient parvenus rapidement à un curieux arrangement, qui montrait qu'ils faisaient volontiers appel à une forme de fétichisme, pour venir au secours de leurs imaginations sans doute défaillantes. Dans le réduit noir, ils avaient accroché un torchon blanc, qu'ils avaient baptisé " le mouchoir à pignoles ". Cette pièce de linge bénéficiait d'un amidonnage régulier, dont le produit employé avait une forte odeur de foutre. À tour de rôle, ils venaient déposer, sur le tissu complice, leur offrande grumeleuse, dont le fort parfum se développait avec le temps et devait participer grandement à leur excitation.
Je soupçonnais que le traversin de Michèle devait bénéficier, de même, de ses généreuses mouillades et que l'odeur de celles-ci devait accroître le charme de ce partenaire discret mais toujours présent.

Pour l'instant, c'était Popaul qui était mis à contribution. Benoîtement allongé sur le lit, le grand singe, au pelage si doux, se laissait complaisamment chevaucher par le petit démon qui avait soudain retrouvé toute son ardeur. Comme je remarquais que c'était la patte droite du quadrumane qui servait de traversin au sexe ouvert de la jeune femme, je fis remarquer, à celle-ci, qu'elle commettait une erreur, car je portais à gauche. Cette intervention inopportune eut le don de faire rire la belle, ce qui calma instantanément son excitation. Tant il est prouvé que, si le rire est le meilleur vecteur pour entraîner une fille dans son lit, il est bien le pire pour la conduire à l'orgasme.
Un peu penaud d'avoir interrompue une si belle envolée, m'excusant mentalement, auprès de Popaul, de l'avoir privé de son humidification odorante, je m'agenouillais près du lit, pour essayer de relancer l'opération un moment arrêtée.

Heureusement que ma partenaire avait de la ressource. Se couchant sur le dos, elle empoigna la peluche et la coucha sur elle de façon à ce quelle la couvrit entièrement. La serrant contre son corps d'une main, elle porta l'autre à son clitoris, qu'elle entrepris de frictionner à un rythme effréné. Je me rendis aussitôt compte que j'avais gravement perdu au change, alors que précédemment j'avais le dos et le cul de la dame sous les yeux, c'étaient à présent ceux du singe qui s'offraient à moi. Cela ne faisait pas du tout mon affaire, mais je ne pouvais que me contenter d'observer le travail habille de ses doigts, spectacle que je réclamais depuis si longtemps.
La rapidité avec laquelle la petite main butinait la petite fraise des bois tapie entre les lèvres du sexe, me faisait penser au vol étourdissant d'un colibri devant la corolle d'une fleur. Cette habileté irréelle témoignait d'une longue pratique, ce qui démentait toutes les dénégations auxquelles j'avais eu droit jusqu'ici. Michèle avait une maîtrise ahurissante de la masturbation !

Mais la belle n'avait visiblement pas l'intention d'aller jusqu'au bout de son plaisir solitaire, prouvant par là qu'il ne s'agissait pour elle que d'un palliatif. Changeant brutalement de position, elle bascula complètement et se retrouva dans la situation initiale, couchée sur le singe. À aucun moment, de cette manœuvre rapide, elle ne cessa de frictionner son bouton de rose. L'invitation était on ne peut plus claire. Les mouvements lascifs de son bas-ventre, qui provoquaient l'entrebâillement sur un rythme lent de ses fesses, étaient un appel très explicite. En moins de temps qu'il faut pour le dire, je me retrouvais couché sur son dos, en train d'introduire mon phallus hypertrophié dans son petit trou du cul accueillant.
Je pouvais désormais dire que j'avais partagé une femme avec un singe, même si l'animal n'était qu'une pâle copie en peluche de son frère sauvage. Prise entre la douce toison de Popaul, qui caressait certains de ses points érogènes, et ma virile étreinte, Michèle fut particulièrement performante dans son délire amoureux. Il faut dire que, pour la première fois, je l'enculais pendant qu'elle s'occupait très activement de son clitoris. Ce qui était un détail excitant de plus, pour moi, était, pour elle, une violente source de plaisir supplémentaire. Je crus que cette première serait suivie de beaucoup d'autres, ce qui, à mon grand étonnement ne fut pas le cas. Comme je l'interrogeais sur les raisons du délaissement de son petit détonateur, quand j'étais en elle, elle me répondit brièvement : " C'était trop fort ! ".
Cette réponse me laissa rêveur en témoignant du fait que, contrairement aux apparences, Michèle, gardait un peu de puissance sous son pied, n'appuyant jamais à fond sur l'accélérateur de sa jouissance.

Popaul n'eut plus l'occasion de participer à une séance amoureuse entre sa maîtresse et moi. Mais il resta toujours un excellent indicateur de son activité sexuelle solitaire. Il m'arrivait, de temps à autre, de le prendre pour sentir le délicat fumet qui s'élevait de l'une ou l'autre de ses cuisses. En fonction de l'intensité de l'odeur et des divers dépôts organiques dont elles étaient plus ou moins souillées, je pouvais savoir quelle avait été la fréquence des masturbations de mon inépuisable partenaire. J'eus même parfois l'occasion de découvrir qu'elles avaient été fraîchement mouillées, ce qui témoignait du fait que la jeune femme avait eu recours aux services du singe dans l'heure qui précédait ma venue. Détail d'autant plus étonnant qu'elle était informée de mon arrivée très prochaine. Diable, quel tempérament !

Parmi les souvenirs qui me restent de Michèle, tous ne sont pourtant pas liés à son fougueux tempérament. Ainsi, il me revient à l'esprit ces petits matins où, alors qu'elle avait passé la nuit entre mes bras, sans s'éveiller tout à fait, les yeux encore clos, elle s'enfouissait soudain sous les draps. Comme un chaton, encore aveugle, cherche instinctivement une mamelle de la mère pour satisfaire sa faim, elle partait à tâtons à la recherche de mon sexe. L'ayant trouvé, toujours sans se réveiller tout à fait, elle entreprenait de le sucer, de le téter, devrais-je dire. Ces moments me sont d'autant plus précieux que ce sont les seuls vrais instants de tendresse que je connus d'elle, alors que sa sexualité tyrannique n'était pas encore complètement en activité.
Vous imaginez facilement que ces moments étaient d'assez courte durée, peu à peu elle se réveillait et sa bouche reprenait son hypersensibilité naturelle. Loin de moi l'idée de regretter cette particularité de la jeune femme, mais je conserve quand même précieusement, au fond de ma mémoire, ces parenthèses au cours desquelles une petite chatte timide tétait doucement le bout de mon gland, encore humide des folies de la nuit.

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